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SSPM : Le chaînon manquant de votre sécurité SaaS (M365, Google Workspace, ...)
Publié le 26 août 2025 par Julien CIULLO

La migration vers des suites collaboratives comme Microsoft 365 ou Google Workspace est désormais une réalité pour la plupart d'entre nous. Si la promesse de productivité est tenue, elle s'accompagne d'une dilution progressive de notre périmètre de sécurité traditionnel. Les données critiques de l'entreprise ne sont plus confinées dans nos datacenters ; elles sont accessibles depuis n'importe où, partagées en quelques clics et interconnectées avec des dizaines d'applications tierces. Face à cette réalité, beaucoup d'organisations s'appuient sur les fonctionnalités de sécurité natives. Celles-ci sont puissantes, certes, mais leur configuration est un véritable dédale. Entre les mises à jour constantes des plateformes, la pression des utilisateurs et le manque de ressources, qui peut affirmer avec certitude que son environnement est exempt de failles ? C'est pour répondre à cette question angoissante qu'une nouvelle catégorie d'outils a vu le jour : le SaaS Security Posture Management (SSPM).
Au-delà de la console d’admin : Ce que le SSPM voit que vous ne voyez pas
Table des matières
- Les piliers fondamentaux d’une solution SSPM
- Comment aborder un projet SSPM ? Une vision pragmatique
- Conclusion : Reprendre le contrôle pour mieux innover
Les piliers fondamentaux d’une solution SSPM
1. Gestion des configurations et détection de dérives (Drift Detection)
C’est le socle de tout SSPM : comparer en permanence l’état des configurations aux référentiels de sécurité reconnus (CIS Benchmarks, ANSSI, NIST…).
Ce qui est analysé :
-
Authentification :
- MFA activée pour tous les comptes, surtout les administrateurs et comptes de service ?
- Protocoles hérités (legacy) désactivés ?
-
Partage de données :
- Paramètres par défaut sur SharePoint, OneDrive, Google Drive.
- Liens de partage publics anonymes autorisés et illimités dans le temps ?
-
Messagerie :
- Règles de transfert automatique d’emails vers des domaines externes ?
- Protections anti-phishing et anti-spoofing (DMARC, DKIM, SPF) correctement configurées ?
L’apport du SSPM :
Il ne fournit pas qu’une photo à l’instant T.
👉 Il détecte les dérives : si une règle de sécurité est désactivée temporairement et oubliée, le SSPM lève une alerte immédiate.
2. Gouvernance des identités et des accès (IAM Governance)
La question est simple : qui a accès à quoi ?
La réponse, beaucoup plus complexe.
Ce qui est analysé :
- Privilèges excessifs : Combien de Global Admins réellement nécessaires ? Identification des droits supérieurs au strict nécessaire (principe du moindre privilège).
- Utilisateurs externes et invités : Cartographie des invités, leur dernière connexion, et les ressources accessibles. 👉 Un prestataire ayant quitté il y a 6 mois a-t-il toujours accès à vos données ?
- Comptes dormants : Détection des comptes inactifs (humains ou de service) mais toujours actifs = porte d’entrée idéale pour un attaquant.
3. Sécurité des applications tierces (Risque SaaS-to-SaaS)
Un des angles morts les plus critiques : chaque clic sur “Accepter” pour connecter une application tierce via OAuth ouvre un flux de données.
Ce qui est analysé :
- Inventaire des applications : Liste exhaustive des apps tierces connectées au tenant.
- Analyse des permissions : Vérification des permissions demandées.
👉 Une app de “signature d’email” a-t-elle vraiment besoin d’un accès complet à tous vos emails et contacts ? - Évaluation du risque : Analyse de la réputation de l’éditeur et criticité des permissions.
👉 Possibilité de révoquer en un clic les apps jugées dangereuses.
4. La conformité continue
Le SSPM traduit le jargon technique en langage de conformité, utile pour les DPO, RSSI et audits.
Ce qui est analysé :
- Mapping automatique des configurations aux exigences de :
- RGPD
- ISO 27001
- Directives sectorielles récentes (ex : DORA pour la finance, NIS2 pour les opérateurs de services essentiels).
L’apport du SSPM :
- Génération de rapports clairs montrant :
- Points de conformité.
- Écarts à corriger.
- Preuves intégrées = gain de temps considérable pour les audits.
Comment aborder un projet SSPM ? Une vision pragmatique
L’erreur serait de voir le SSPM comme une solution miracle.
👉 Mon retour d’expérience : une approche structurée est essentielle.
-
Commencez par la visibilité :
- Audit passif en mode lecture seule pendant quelques semaines.
- Le premier rapport est souvent un électrochoc et sert de base pour justifier les actions.
-
Priorisez les “Quick Wins” :
- Ne cherchez pas à tout corriger d’un coup.
- Concentrez-vous sur :
- Activer le MFA pour les comptes à privilèges.
- Supprimer les partages publics de dossiers sensibles.
- Révoquer les apps tierces les plus risquées.
-
Intégrez et automatisez :
- Le SSPM prend toute sa valeur lorsqu’il est relié aux processus existants.
- Exemple : les alertes critiques créent automatiquement des tickets dans ServiceNow, Jira….
- Certaines remédiations simples peuvent être automatisées.
-
Envisagez-le comme un processus continu :
- La posture de sécurité n’est jamais figée.
- Utilisez les dashboards du SSPM pour :
- Suivre l’évolution du score de sécurité.
- Démontrer les progrès à la direction.
Conclusion : Reprendre le contrôle pour mieux innover
Adopter un SSPM n’est pas un aveu de faiblesse, mais un signe de maturité.
👉 Cela reconnaît que la complexité des environnements SaaS dépasse les capacités de supervision manuelle.
En automatisant la détection des failles et la remédiation, un SSPM permet aux équipes IT & Sécurité de :
- se libérer des tâches de contrôle fastidieuses,
- se concentrer sur des projets à forte valeur ajoutée.
💡 L’objectif n’est pas de freiner l’innovation SaaS, mais de la sécuriser.
C’est en ayant confiance dans la robustesse de vos configurations que vous pouvez exploiter pleinement ces outils, sans craindre que la prochaine notification soit celle d’une fuite de données.
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